Musique de Jeux vidéos : le syndrome du « avant c’était mieux »
La plupart du temps, essayer de se souvenir d’un jeu vidéo qui a marqué notre enfance passe par quelques étapes incontournables. On se souvient du graphisme coloré qui nous plaisait tant (surtout qu’on ne l’a pas revu sur son vieux cathodique pixelisant). Notre mémoire nous balance des flashbacks où on se revoit aux prises des pires passages de plateformes casse-gueules et de boss aux points de vies infinis. Mais bien souvent, un des souvenirs les plus vibrants est la musique.
Avant-propos :
Les thèmes musicaux marquants se ramassent à la pelle. Souvent il s’agit des bons vieux classiques entendus maintes et maintes fois. On les a découvert dans les parties endiablées de notre enfance, et redécouvert dans les nombreux remakes qui les ont suivies.
Pour continuer notre zoom sur les musiques à travers l’histoire des jeux vidéos. Je voudrais prendre un exemple particulièrement connu et suffisamment révélateur : les musiques de Final Fantasy.
La série des Final Fantasy a eu la chance de voir se succéder des compositions talentueuses. Certains thèmes sont récurrents : le thème des Chocobos ou encore la musique de la victoire (oui oui, le Tatata taaaa taaaa-taaaa tataaadaaaa). La plupart des autres compositions sont des créations spécifiques à chaque opus. Il en ressort une grande diversité musicale qui évolue avec les différents univers proposés et les capacités qu’ont les consoles à proposer des sons de plus en plus qualitatifs.
Pour continuer cette analyse, tentons une comparaison des musiques de FF à travers le temps. Et pour cadrer un peu notre approche, nous allons nous contenter de détailler les musiques de boss de chaque Final Fantasy. En avant la musique !!!
Comparatif Final Fantasy :
Final Fantasy II :
Une musique simple mais efficace. Là encore, la Nes limite fortement les possibilités de sons. Pourtant le joueur constate des variations de rythmes intéressantes pour l’époque. On remarque également de fortes similitudes avec les musiques de « Mystic Quest » sur Game Boy.
Final Fantasy III :
Là on commence à taper dans du lourd ! La rythmique est entraînante et monte directement dans une variation de notes alternant aiguës et graves. Dès la trentième seconde on enchaîne sur un solo de notes 8 bits du meilleur goût. Le joueur n’en demande pas plus. Nobuo Uematsu donne tout son talent dans cette composition aux sonorités originales.
Final Fantasy IV :
La composition est ici plus rapide. Nous pouvons commencer à discerner des accords qui évoquent déjà ce qu’on pourra trouver sur FFIV ou VIII. L’ambiance musicale à des sonorités très orientales.
Final Fantasy V :
Final Fantasy VI :
Le chef d’oeuvre ! Cette musique est de très loin ma préférée de toutes les musiques de Final Fantasy réunies. Nobuo Uematsu tirent parti au maximum des possibilités de la Super Nintendo et lui fait cracher ses tripes. Des percusions particulièrement marquées finissent de donner à cette musique l’aspect épique qu’elle revêt.
Final Fantasy VII :
Le septième opus de la série est souvent cité comme le favori des joueurs. Il faut bien avouer qu’en 97, le jeu sort et écrase la concurrence (en hissant au passage la console de Sony au rang de bestsellers des magasins de jeux). La musique très rock/métal tire vraiment le dynamisme vers le haut. Cette composition sait s’inspirer de ses prédécesseurs en apportant une petite touche d’originalité supplémentaire.
Final Fantasy VIII :
Ce thème musical n’est pas en reste par comparaison avec ses prédécesseurs et successeurs. Cette musique rythmée alterne beaucoup d’une ambiance à l’autre. Tant et si bien qu’à partir de la première minute on se croirait dans une tout autre composition. Les notes partent dans une envolée épique qui donne tout son sens à la queue de phénix qui vous permet de ranimer in extremis votre soigneur avant que le boss ne balance son attaque ultime qui vous aurait tous décimés.
Final Fantasy IX :
Nous en arrivons à une composition très orchestrale. Les sonorités de cuivres rappellent beaucoup une fanfare. Le ton n’est plus du tout le même. Pour ma part, ce genre de thème ne colle pas aussi bien aux affrontements.
Final Fantasy X :
Alors que Square Enix pousse au maximum les limites de la PS2 pour nous offrir un magnifique Final Fantasy X, les musiques de boss sont un peu en reste. La composition est clairement mollassonne même si on sent bien la maîtrise parfaite des instruments. Le panache de l’affrontement n’est plus garanti par la musique mais davantage par les rendus 3D et les sublimes effets spéciaux.
Final Fantasy X-2 :
Il s’agit sûrement d’un des épisodes les plus boudés de la série. Son côté kawaï et ouvertement féministe ne semble pas avoir conquis les hardcore gamers de la première heure. La musique est pour sa part bien dans le ton. La fanfare a laissé la place à davantage d’instruments à cordes et clavier. Pourtant, la musique n’est pas très originale et s’embourbe dans une composition fade et sans rythme.
Final Fantasy XII :
Une des pires catastrophes musicales qu’il m’ait été donné d’entendre ! J’exagère bien sûr. Cependant, cette composition manque complètement de pep’s. Le joueur a l’impression que le premier passage de Final Fantasy par le MMO (avec FFXI) a laissé de sérieuses séquelles tant la musique passe sur un second plan. L’ambiance musicale est très proche des Final Fantasy Tactics sur GBA et DS. Cette cohérence rappelle que les jeux partagent le même univers (Ivalice). Au delà de la première minute, l’ambiance décolle un peu mais peine à convaincre.
Final Fantasy XIII :
Après un épisode décevant pour les fans et lors d’un premier passage aux consoles de générations actuelles, ce Final Fantasy avait fort à prouver. Ce thème musical utilise au maximum le piano. Le talent du compositeur et de l’interprète n’est plus à prouver. Par contre, j’ai encore du mal à me mettre dans la tête qu’il s’agit d’une musique de Boss et pas simplement d’une musique de combat classique. Aucune envolée lyrique ou presque. Aux alentours de la première minute une pointe tragico-épique vient redonner du mordant à l’ensemble. Mais n’espérez pas trop, votre élan d’optimisme retombe rapidement à la suite de l’écoute.
(après un rapide tour du web, il m’a été impossible de trouver
une version correcte de la musique du boss de Final Fantasy I.
En ce qui concerne FFXI, je l’ai volontairement écarté de ce comparatif)
Aller plus loin …
Parce que la musique dans les jeux vidéos ne se limite pas à Final Fantasy. Prenons le temps d’évoquer la musique dans les autres licences les plus juteuses et commercialement viables.
Quand on rappelle que Hans Zimmer a personnellement participé à la Bande Son de Call of Duty Modern Warfare 2, cela fait rêver. Pourtant, quand le gamer, pad en main, s’adonne à son passe temps favori le constat est tout autre. Les musiques sont bien sûr « sublimes » dans le sens où elles collent parfaitement à l’action et arrivent à donner un aspect tantôt tragique, tantôt épique. Mais au delà de cela, quid de l’originalité de la musique ? de la marque de fabrique qu’elle tamponne au fer rouge dans nos mémoires ?
Actuellement, l’industrie vidéoludique semble chercher à s’approcher de plus en plus des productions cinématographiques. Et de la même manière que les films récents, il semble que les équipes ne cherchent plus à créer une ambiance musicale inédite mais plutôt à accompagner leurs scènes aux mieux. Peut être que le contexte de crise économique et de concentration des moyens rend les studios plus frileux à la prise de risque. En bref, la jeune école des compositeurs de musique semble davantage chercher l’inspiration dans les compositions passées.
Pour résumer, si vous deviez citer vos musiques de jeux préférées, quelles seraient-elles ?
- Un bon vieux thème principal de Duke Nukem
(et sa reprise culte par Megadeth) ? - Une musique de Zelda en version orchestrale ?
- L’indémodable et épileptique thème de Tétris
(ou son remix techno hardcore ultra kitsh) ?
Il n’y a pas de musique de boss pour Final Fantasy I. Le thème qui affiché pour Final Fantasy X n’est pas le thème de boss. Et pour Final Fantasy XIII, ce n’est plus Uematsu à la musique.